Plus de 8 000 Afro-Américains ont identifié leurs origines camerounaises, dont les ancêtres esclaves auraient apparemment pris le large au port négrier de Bimbia
Plongé dans la forêt tropicale qui domine la région du sud-ouest du Cameroun. Le Comptoir négrier Bimbia est une bourgade la ville balnéaire de Limbé. Sa position surplombant les plages illustre son implantation stratégique par les blancs qui l’on bâti. La position géographique de Bimbia était stratégique: sur le golfe de Guinée, à l’est de la baie de Biafra, entre Rio del Rey et Cameroon River (l’actuelle ville de Douala). La découverte remonte à 1987par un heureux concours de circonstance. Pourtant ce “ex-État indépendant” (jusqu’en 1884) selon les sources, a entretenu un commerce des esclaves juteux soutenu par le roi Bilè, surnommé par les Anglais “King William of Bimbia”, qui semble t-il avait le sens des affaires.
Étonnant retournement du cours de l’histoire qu’est l’apparition de ce vestige du triste passé animalier de la traite négrière. Une jeune historienne dit n’avoir jamais pu s’imaginer que le Cameroun pouvait regorger de tel site. La surprise est partagée par de nombreux spécialiste tant le site s’était fait oublié comme si la nature voulait gommer cette honteuse page du passé. Le fait colle mal avec la diversité culturelle camerounaise. Curieusement le port de Bimbia d’après les recherches a représenté plus de 10% de la traite négrière sur les centaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants victimes de la traite transatlantique. Une estimation ahurissante qui place cet estuaire au degré des sites d’esclavages mondialement connus: l’île de Gorée, Ouidah, la Gold Coast.
L’État camerounais par cette histoire chargée n’a pas tardé à ériger Bimbia en site culturel classé au patrimoine national. Le Ministère des Arts et de la Culture a d’ailleurs entrepris une démarche pour l’inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco. Un projet d’aménagement évalué à 40 millions a vu le jour pour accueillir les touristes qui viendront nombreux se ressourcer sur ce lieu hautement symbolique.
Grâce à l’Ancestry Reconnection Program (“programme de retour aux origines”), initié aux États-Unis depuis des décennies par l’association ARK Jammers qui vise à identifier les trajectoires des navires négriers, Bimbia est devenu une destination culturelle atractive. Des milliers d’américains disent avoir trouvé leurs origines au Cameroun et envisagent y venir méditer. Les plus notoires des descendants d’sclaves partis de cette côte sont l’ancienne secrétaire d’État Condoleezza Rice, le producteur de musique Quincy Jones, la vedette du cinéma comique Eddy Murphy, l’acteur Spike Lee, entre autres.
Les recherches américaines, révèle qu’environs treize (13) navires partirent de Bimbia chargé d’esclave. Les sources nous révèlent que le Falstaff fut le premier a levé l’ancre en 1776 pour l’île Saint-Vincent. Plus tard, le Gabriel Dios Amigos, du capitaine Fena Manuel Gireau, parti en 1838, a accosté à Cuba. Les esclaves que transportaient ces négriers se retrouvèrent en Caroline du Nord, au Brésil, en Guyane et à la Jamaïque. Les chiffres parlent de 2 393 hommes qui embarquèrent à Bimbia soit 42,3 % d’enfants, dont 2 078 étaient parvenus à destination indique Jeune Afrique. Des notables de Dikolo et des chefs Douala disposeraient de documents attestant de l’intensité de l’activité négrière de Bimbia.
Le professeur Stephen Fomin, historien, spécialiste de l’esclavage s’active et bien d’experts s’activent à restituer le lourd passé de cette “route de l’esclave” camerounaise. Mais il reste du chemin à parcourir entre archives, fouille et études sur site ainsi que les destinations des négrier pour que Bimbia dévoile ses secrets au monde. En attendant la valorisation de l’existant se poursuit. “Notre projet est d’aménager le site afin de le rendre visitable à travers une signalétique, qui indique au touriste où il se trouve, à quoi a servi la structure, indique Anita Kamga Fotso, directrice marketing du programme “Route des Chefferies” sur France24.
Le Ministère du Tourisme et des loisirs (MINTOUL), envisage de construire sur site un complexe hôtelier et des espaces ludiques. Ouvrage d’art stratégique, un pont projeté devrait permettre de réunir les deux rives. Seulement arriver à cette fin demande à dompter au préalable les obstacles naturels et contraintes diverse qui semblent freiner les ardeurs des curieux. ô berceau de nos ancêtres que ton histoire est lourde d’événements bouleversant. De quoi faire revivre la mémoire de ce port longtemps resté prisonnier de l’humidité, la végétation sauvage et de l’environnement hostile.