S’achemine-ton vers un boycott du MRC de Maurice Kamto, de l’opposition au double scrutin du 9 février prochain, vers des votes sans débat ? La conséquence du volt face du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) s’annonce politiquement dévastateur et sonne comme un rétropédalage de la démocratie camerounaise.
Coup de froid sur le ciel camerounais. Le MRC principal parti de l’opposion au regard de la dernière présidentielle n’ira pas aux élections du 9 Février 2020. C’est l’annonce faite par son président :
Le MRC a décidé de ne pas prendre part aux élections législatives et municipales du 9 Février 2020. J’appelle les électeurs à rester chez eux et à ne pas aller voter,
a déclaré Maurice Kamto. Si ses détracteurs analysent le revirement du leader du MRC comme résultant d’un échec prévisible et du constat de l’impréparation de son parti à ces élections, Maurice Kamto appuie sa décision sur un champs juriduco-politico-institutionnel.
En l’état actuel, la contestation de ces élections, dont les signaux de potentielles fraudes sont évidents, est par exemple impossible. Le MRC appelle les Camerounais à ne pas aller voter et à rester chez eux le 9 Février 2020 afin de ne pas cautionner les élections qui ne ramèneront pas la paix dans notre pays,
a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
En l’absence de l’ogre de l’opposition, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, parti au pouvoir fera t-il long feu aux prochaines élections du 9 février prochain et asseoir sa domination sans partage? Adepte de verrouillage du système électoral, le régime de Yaoundé qui n’est pas à son premier forfait fait la sourde oreille aux cris d’alarme lancé par le MRC et campe sur ses positions, espérant rééditer le coup de poker gagnant de 1997. Qui ne se souvient de la Présidentielle de 1997, marqué par le boycott de trois partis politiques de l’opposition à savoir, le Social Democratic Front (SDF), de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) et de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC). En 1992 déjà, l’élection législative fut boycottée par le Social Democratic Front et l’Union Démocratique Camerounais.
La présidentielle de 1997 a été largement remportée par le président, Paul Biya avec (92,54%) des voix. A l’époque, ces formations politiques exigeaient que le code électoral soit réformé. A l’élection législative de 1992, boycotté par le tandem SDF et UDC, le RDPC remporte 88 sièges, 68 sièges pour son allié l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP). A la dernière législature, le RDPC a glané un nombre de 148 députés, 18 pour le SDF, 5 pour l’UNDP, 4 pour l’UDC, le MRC et le MDR ont eu chacun 1 député.
Sur le front sécuritaire et d’un retour à la normale dans les deux régions anglophones, seule perspective d’organiser des élections dignes, la situation est loin d’être favorable. Le parti de Maurice Kamto estime que les conditions d’un scrutin dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne sont pas réunies :
Organiser des élections au Cameroun aujourd’hui, qui plus est des élections locales, sans avoir rétabli la paix dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest…c’est donner le message que les populations de ces régions ne sont pas des Camerounais et, ce faisant, consacrer la partition de fait du pays,
annonce-t-il. La révision du code électoral, toujours réclamé mais jamais satisfait est un préalable à un scrutin libre, transparent et crédible.
Avec le système électoral actuel, les mêmes causes produiront inévitablement les mêmes effets, à savoir : fraudes massives, vol des résultats et nouvelle crise post-électorale,
a ajouté le principal opposant. Le SDF, leader de l’opposition en termes d’élus et le MRC, premier au regard de la dernière élection présidentielle joue au chat et à la souris. Après un premier désistement, le SDF a finalement décidé d’y aller. La figure de proue de la Cameroon People Party s’aligne sur la même lancée et s’inscrit en faux contre ces élections.
Organiser des élections au Cameroun aujourd’hui, qui plus est des élections locales, sans avoir rétablit la paix dans les régions du NOSO et créer les conditions d’une participation effective des populations des deux régions au libre choix de leurs représentants à l’Assemblée Nationale et dans les conseils municipaux, c’est donner le message selon lequel ces populations ne sont pas des camerounais et ce faisant, consacrer la partition de fait du pays,
a déclaré sur son compte Twitter Kah Walla
Le RDPC est donc parti pour rafler haut la main les Municipales 2020 au Cameroun. Le parti du renouveau qui dispose d’une majorité écrasante des conseillers municipaux, 8 685 sur les 10.626 va renforcer sa stature nationale. Le Social Democratic Front n’a que 826 conseillers municipaux, contre 163 pour l’Union Démocratique du Cameroun (UDC), 19 pour le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC),