Le mois de Ramadan, le mois le plus attendu de toute la communauté musulmane du monde ne sera pas comme à l’accoutumée cette fois-ci.
Jamais les musulmans n’avaient eu autant de contraintes préjudiciables à la bonne marche du mois de la piété comme c’est le cas actuellement.
Je suis dépassé par cette manière de vivre le Ramadan. Nous sommes nés avec l’idée que pendant le Ramadan, on se rassemble le matin pour écouter les prédications afin de renforcer la foi en Allah et le soir on partage la solidarité sociale autour d’un repas entre plusieurs fidèles issus parfois de différents milieux. Cette fois-ci impossible de vivre ces moments en présentiel,
déplore Ahmat, fidèle musulman joint dans l’Extrême-Nord. Rien de pareil pour plusieurs membres de cette communauté qui disent avoir pris des dispositions particulières. Plusieurs menaces pèsent sur cette édition du mois de jeûne.
Les entraves en ce mois de Ramadan
D’abord la crise sécuritaire qui même si elle est à la baisse, continue d’entretenir la crainte au sein des communautés locales.
Une menace très sérieuse dans la mesure où l’on se souvient des pics d’agressions violentes des populations et conducteurs de moto taxi en cette même période de Ramadan qui avaient coûtés la vie à des dizaines de Camerounais les années précédentes.
Les dix derniers jours du Ramadan demeurent les moments de psychose gravés dans les esprits de plusieurs qui ont subis ou été affectés par le choc.
Le cas du nommé Ousman, conducteur de moto-taxi qui nous a révélé sa mésaventure l’an passé après une agression à coups de marteau blindé aux clous sur la tête dont il a survécu miraculeusement mais a néanmoins vu son engin emporté par le brigand et désormais en garde une énorme cicatrice sur le crâne.
L’insécurité pendant le Ramadan
L’autre menace au Ramadan demeure les attaques multiples de Boko Haram qui ne cesse de traumatiser les populations frontalières du Tchad et du Nigéria qui constituent leurs bases arrières.
Dans la perspective d’y remédier, le dispositif sécuritaire a été renfoncé pour la sérénité du Ramadan dans les Régions septentrionales, rapporte une source officielle.
Ramadan et économie
La troisième menace est celle de la conjoncture économique qui réduit considérablement les capacités de plusieurs familles à gérer les charges liées à la nutrition et aux festivités du Ramadan, cette édition 2020.
Beaucoup ne mangeront certainement pas avec faste comme par le passé et les membres des familles n’auront guère les tenues de valeurs habituelles du fait de la crise des devises qui frappe notre pays après plusieurs exercices budgétaires drastiques depuis la chute des prix de pétrole.
Coronavirus Covid-19 et Ramadan
Enfin la pandémie du coronavirus COVID-19 n’est pas venue arranger les choses dans la communauté musulmane mondiale. Cette réalité sombre a affecté les rituels de prières et principes d’adoration tels que pratiqués par les musulmans dans le monde entier.
Cette édition du Ramadan connaît une gestion particulière de notre part. Pour faire face à la crise sanitaire du COVID-19 qui sévit dans le monde, nous avons décidé de poursuivre les prédications dans les médias notamment pour l’activation de notre foi. Aussi nous veillons au respect des mesures d’hygiène et de distanciation sociale au moment des prières familiales ainsi que des repas,
rassure un Iman engagé à barrer la voie au coronavirus pendant le Ramadan.
L’on se souvient que dans la stratégie de lutte contre la propagation du coronavirus, les autorités administratives et religieuses de l’Adamaoua s’étaient résolues entre autres à la « fermetures des mosquées du vendredi » le 23 mars dernier.
Les résolutions prises à cet effet par les autorités locales s’inscrivent dans le cadre de l’application des mesures gouvernementales de riposte visant à réduire la propagation du COVID-19.
Après un début timide dans l’approvisionnement, les fidèles musulmans rentrent dès ce lundi dans la première semaine de Ramadan qui se veut déterminante pour la suite.
L’adaptation n’aura certes pas été facile mais les musulmans sont déterminés à ne pas laisser le coronavirus avoir le dessus sur l’un des piliers fondamental de l’Islam prescrit par le prophète Mohamed.
Nous avons pris les dispositions pour passer un bon mois de Ramadan malgré les temps difficiles. Il n’y a d’ailleurs pas de choix, on ne peut que s’adapter et rendre grâce à Allah pour cette opportunité de le louer davantage qu’il nous offre,
déclare Abdoulaziz, un fidèle résident à Garoua. Côté social, les Associations musulmanes s’activent pour apporter le soutien alimentaire aux démunis dans une certaine mesure et d’autres dispositions particulières.
Des actions de nature à favoriser une bonne tenue du ramadan dans toutes les couches.
Pour l’heure, aucun incident majeur n’a encore été enregistré en ce début de jeûne et toute la communauté musulmane du Septentrion ne peut que souhaiter que cela dure.
Encore que le coronavirus peine à se propager dans cette partie sahélienne très chaude du Cameroun et son bilan reste jusque-là nul.