Trois morts à Ndjamena et plusieurs blessés. Deux morts à Moundou, Province du Sud-Est et plusieurs blessés à balles réelles, voilà le bilan qui ressort de la colère d’une partie du peuple Tchadien qui revendiquerait le départ du nouveau pouvoir de transition ainsi que de la France.
Selon notre contact à Ndjamena, il s’agirait « au premier degré, d’un mouvement de masse populaire, victime de l’exclusivité qui veulent que la France s’en aille et y compris le gouvernement actuel mis en place »
À côté des pertes en vie humaine, on relève des dégâts matériels. Des chanceux qui n’ont pas eu de séquelles physiques. La déclaration effrayante d’un membre d’une victime qui allait au travail ce matin fait état de ceci :
C’est notre véhicule. Ils ont failli nous tuer ce matin,
Dit-il avec peur, en poursuivant :
Non, pas de dommages corporels. Le véhicule est amené au garage pour le moment.
Haines sanglantes
Cette situation serait la conséquence de la confusion entre appartenances sociale et politique et les apparences. Notre source mentionne d’ailleurs que :
Les gens confondent les choses. Il y a des haines liées aux appartenances sociales qui se font sentir.
Il réplique d’un ton lyrique :
Ah ! On est obligé de les comprendre dans leurs revendications et actions.
Pas question d’abandonner la patrie
C’est notre patrie, je ne peux la quitter. Nous allons œuvrer pour que le calme y revienne.
Voilà les paroles d’un Tchadien qui compte mener un combat noble pour la stabilité de son pays car même si certains n’ont pas d’appartenance politiques, il est hors de question de soutenir ni le gouvernement de transition en place ni des violences populaires, selon lui.
Sincèrement, dans notre famille nous n’avons pas une position politique. Nous sommes neutres. Nous ne pourrions ni aller cautionner le désordre ni soutenir le régime en place.
Déclare fermement un Tchadien
Un cycle de guerre civile ?
La vie politique du Tchad pourrait faire penser à une série de science-fiction à plusieurs saisons. C’est d’ailleurs dans ce sens que notre contact sur place déclare :
Le film de notre guerre civile de 1979 est encore possible d’ici peu, la haine et le sentiment de vengeance pour certains, et le goût extrême de s’éterniser au pouvoir pour d’autres.
Histoire politique du Tchad
L’histoire politique et militaire du pays du Maréchal Idriss Deby Itno depuis 1960 jusqu’en 2021 montre qu’il n’est que succession de coup d’état et de guerres civiles.
Le 13 avril 1975, le premier Président du Tchad a été assassiné par un coup d’Etat militaire, par des rebelles.
En 1979, la guerre civile chasse le Président de transition, le Général Maloum. En 1982, Hissein Habré arrive au pouvoir par un coup d’Etat militaire provoqué par les rebelles.
En 1990, Hissein Habré a fui de justesse la rébellion dirigée par le Colonel Idriss Deby Itno.
Et Maintenant, en avril 2021, le Maréchal Idriss Deby Itno est aussi tué par Mahamat Mahadi, son oncle maternel, Chef de la rébellion, qui avait été un cadre à la présidence sous le régime de Deby,
Déclare notre source.
Voilà donc comment l’histoire du Tchad est faite. Cela va-t-il continuer ainsi en provoquant une fois de plus une guerre civile ?
Réaction d’un Tchadien échappé
Tout a commencé lorsque nous étions sortis de la maison vers 7H 45 minutes. Passant par l’avenue Chinois, dite “Avenue du 10 octobre”, nous avons été confrontés à l’emprise des manifestants. Ces derniers qui, faisant déjà bras de fer avec les forces de sécurité, s’en prenaient haineusement à tout usager qu’il soit en véhicule ou moto. Sans nous interroger, ils s’étaient acharnés à dépouiller le véhicule de marque Hilux. Nous confondant peut-être à ceux qui ont confisqué le pouvoir durant longtemps dans une sorte d’exclusivité, sans justice, ni emploi à la masse populaire. Après quelques instants de gouffre, nous étions libérés de nous-même, parce que nous leur avons fait savoir que nous n’y sommes pour rien. C’est vraiment dommage !
Les jours avenir restent déterminants au pays de Toumaï, le Tchad.