L’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies a adopté ce 2 mars 2022 une résolution condamnant « l’agression » commise par la Russie contre l’Ukraine et exigeant que la Russie retire ses forces militaires du territoire ukrainien. La résolution qui a été coparrainée par 96 États membres s’est soldée par un vote de 141 pays ayant votés en faveur, 5 nations ont voté contre et 35 se sont abstenus. Lors de cette Assemblée Générale très agitée, l’Afrique qui occupe 25% des sièges est le continent qui s’est démarqué par une abstention record. Seulement 28 pays africains ont voté en faveur de la résolution, 15 se sont abstenus, 8 pays n’ont pas pris part au vote et 1
(l’Erythrée) a voté contre.
Comment interpréter une telle décision ? Dans les couloirs du palais de verre de Manhattan les représentants africains invoquent le mauvais traitement infligé à leurs concitoyens qui ont tenté de quitter l’Ukraine comme prétextes qui ont pu motiver cette neutralité. Les témoignages d’actes racistes à l’endroit des ressortissants africains, débarqués de train et de bus ou refoulés à la frontière de l’Union européenne ont provoqué des vives critiques. Dans un communiqué signé le 28 février 2022, le président sénégalais Macky Sall dont le pays s’est abstenu et qui est le président en exercice de l’Union Africaine, fustige le comportement raciste affiché par l’Ukraine et les pays de l’Union Européenne à l’égard des ressortissants africains.
La position indépendante d’un grand nombre de pays africains lors du vote de la résolution condamnant l’intervention Russe en Ukraine s’explique aussi par l’influence
grandissante de la Russie en Afrique. Moscou est de plus en plus actif dans les domaines sécuritaires et économiques en République Centrafricaine, au Mali ou encore au Soudan. Des pays qui ont affiché leur neutralité lors de cette assemblée générale. Outre la question militaire dont la Russie semble être une alternative crédible
pour faire face au terrorisme, les pressions exercées par les Africains sur leurs dirigeants, séduits par le discours de Poutine expliquent aussi la position abstentionniste. D’autant plus que les Africains n’ont jamais pardonné à l’OTAN d’avoir détruit la Libye. Outre le rejet de la politique paternaliste de l’Occident, la décision des pays africains trouve aussi son fondement dans le souci de ménager leur nouvel allié. Certains pays africains qui sont en froid avec l’ancienne puissance colonisatrice ont peur du gel des contributions de la Russie à leur économie. Ce qui nuira aux intérêts de leurs pays. L’époque où apparaitre comme un bon élève aux yeux de Washington ou de
Bruxelles semble donc révolue. Beaucoup d’Africains brandissant désormais leur devoir de réserve. Pour rappel cette résolution de l’ONU qui condamne l’agression de
Moscou et demandant le retrait des forces militaires russes n’est pas contraignante