La situation de la Femme au sein de la société camerounaise n’est du tout pas reluisante de manière globale si l’on s’en tient aux statistiques des institutions spécialisées et données des enquêtes fournies par les ONGs. Cette réalité est encore plus accentuée dans la partie septentrionale du Cameroun car elles font face aux clivages culturels et économiques qui les fragilisent. Les femmes de la région de l’Adamaoua en particulier se trouvent dans une grande vulnérabilité à cause de leur manque d’autonomie financière. Conscient de ces faits aggravants longtemps décriés par les femmes, le projet ELLE, entendez “Entrepreneuriat Local et Leadership féminin pour l’égalité de chance,” se déploie sur le terrain pour renforcer l’inclusion des groupes les plus vulnérables notamment les femmes et les jeunes filles qui jouent le rôle de premier plan dans la vie en communauté. Un combat difficile qui doit être gagné en passant par la formation des femmes leaders sur le contenu et le sens de leurs droits.
Malgré leurs postures d’agents de développement de premier plan, les femmes et les jeunes filles en milieu rural comme urbain sont victimes de nombreuses violences et d’abus qui réduisent considérablement leur impact social. « Les femmes sont en proie à des pratiques socioculturelles néfastes qui les maintiennent dans une posture d’éternelles assistées et dominées. Les discriminations sexistes de tous genres, les violences verbales, sexuelles, physiques et morales sont leur lot quotidien dans tous les secteurs d‘activités. C’est pourquoi le projet renforce les capacités des femmes à adopter des mécanismes endogènes pour promouvoir les droits économiques, sociaux et politiques durables », souligne Mbekou Kahadjeu Chanceline Doriane, point focal projet ELLE Adamaoua. Plusieurs facteurs expliquent la persistance du phénomène au sein des communautés. « Parmi les facteurs qui entretiennent la situation, nous avons le silence complice de la société, la résignation honteuse des femmes, l’ignorance, le manque d’information et d’accompagnement des organismes spécialisés pour d’autres… », indique le point focal. L’activité qui rentre dans le deuxième volet du projet ELLE rencontre beaucoup d’engouement de la part des femmes leaders qui se sont portées volontaires pour l’accompagner. « J’ai rencontré plusieurs femmes qui font face aux violences diverses et menaces dont certaines ont préféré accepter la dure réalité. En ma qualité d’encadreur, je voulais agir mais n’avais pas les outils nécessaires pour le faire. Grace à cette formation, je saurais dorénavant quoi dire et comment procéder », déclare Temfack Aline Nicole, institutrice résident à Bourkina ayant pris part aux travaux. Comme elle, Madame Weibesse Bouba Delphine, communicatrice dans une radio communautaire locale se dit suffisamment informée sur les droits des femmes pour mieux les sensibiliser désormais à travers les ondes. Leur pleine implication dans les actions de sensibilisation constitue un gage pour le changement de comportement à l’égard de la gente féminine. Elles vont partager en communauté les notions et les mécanismes de gestion appris.
Notons que le projet ELLE « Entrepreneuriat Local et Leadership féminin pour l’égalité de chance » est mis en œuvre au Cameroun dans les régions de l’Ouest, de l’Est et de l’Adamaoua depuis 2020 avec le cofinancement de la délégation de l’Union Européenne. Les Ong ARCS (chef de file), le CIPCRE (co-coordonnateur) assurent la coordination générale du projet. Sur le terrain agissent un consortium de partenaires locaux APCRE, AJVN, NIDD, COM pour l’opérationnalisation des activités dans 12 communes sur 36 mois de durée.
Portrait : Pr Doka Yamingno Serge, directeur de l’Ecole Nationale Supérieure des Mines et des Industries Pétrolières de l’UMA
Né le 07 septembre 1974 à Mora, originaire de département du Mbéré dans la région de l’Adamaoua, le jeune Doka...