Après la descente sur le terrain du Minfopra, Joseph Le, pour réconforter Dame Florence Betkemdo, la veuve de l’enseignant d’éducation physique le 28 mars 2022, l’on croyait être à la fin de ce feuilleton dramatique pour la famille. Il a cassé sa craie faute de moyens pour se soigner convenablement, après 10 ans de carrière sans matricule ni salaire. Le professeur d’EPS s’en est ainsi allé alors que sa vie commençait à prendre une trajectoire heureuse après la signataire expresse de sa note d’intégration le 24 février par le Ministre de la fonction publique en personne. Acte dont il aura d’ailleurs fait un sujet de propagande gouvernementale dans l’optique de s’attirer la sympathie des enseignants en plein cœur de la grève. Aujourd’hui encore, le repos de l’âme de Hamidou est troublé par un autre dossier le concernant. Tout porte à croire que le maire de la commune de Beka refuse de signer son acte de décès. Un rebondissement pour lequel le magistrat municipal tient à se justifier.
‘‘Monsieur Hamidou est décédé le 08 mars 2022 à Jimeta au Nigeria. Informé de la situation, j’ai tout fait pour rapatrier le corps au Cameroun car il s’y est rendu de manière officieuse comme tout le monde ici à Beka car non seulement le coût est abordable, mais aussi l’accès y est facile par rapport à Poli ou à Garoua où il faut traverser le Faro. Des fois, les piroguiers ne sont pas là. Alors, notre cher frère comme dit plus haut s’y est rendu vers 03 heures le 08 Mars. Alors que je présidais la cérémonie de la fête de la femme à la tribune, j’ai été informé du décès… J’ai tout de suite adressé mes condoléances à tous les enseignants de ” Kokara”. Immédiatement, j’informe le préfet et aussi le secrétaire d’État Bayaola. On m’instruit de déposer le corps à la morgue. J’ai tout fait pour rapatrier le corps au Cameroun de par mes propres relations.,
explique Baba Hamayero, maire de la commune de Beka située dans la région du Nord.
La raison avancée par Baba Hamayero, par ailleurs Lamido de la même localité est motivée par les difficultés rencontrées pendant la gestion de sa dépouille.
‘‘Une fois le corps arrivé à Beka déjà en phase de putréfaction, il fallait rapidement le déposer à la morgue à Garoua. Le corps doit traverser deux départements le Faro et la Benoue. Aucun chauffeur ne veut transporter le corps sans documents. Il fallait soit l’arrêté préfectoral (compétence exclusive du préfet) qui réside à Poli, 344 km en aller et retour, soit le certificat de genre de mort qui normalement devrait être signé où il est décédé . Dans tout ça, on m’instruit de déposer le corps à Garoua. Vous à ma place qu’allez-vous faire ? Laisser le corps pourrir ? Signer à la place du préfet? Allez au Nigeria demander l’établissement du document ? La seule solution que j’ai trouvé c’est d’instruire le médecin de l’hôpital (CMA) de Beka de signer le certificat de genre de mort en présence de Messieurs le commissaire et le proviseur. Une fois ce document signé, malgré le médecin qui avait carrément refusé, nous avons transporté le corps pour Garoua comme vous m’avez vu à l’œuvre. Seulement, à peine le corps arrivé à Touroua, ledit document a déjà fait l’objet de toutes les interprétations dans les réseaux sociaux. Comment quelqu’un meurt au Nigeria, on établit son certificat de genre de mort au Cameroun? Le médecin en question a reçu la demande d’explication de la part de son ministre et est venu pleuré chez moi. J’ai pesé de tout mon pouvoir possible pour le défendre. Dieu merci, la hiérarchie m’a compris et le dit de ne plus commettre pareille erreur, pourtant selon moi, je ne vois pas l’erreur que j’ai commise. Un homme averti en vaut deux. Voyez vous-même” relate le maire de la commune de Beka.
Désespérés, son épouse et les membres de la famille ont fait des tours à la mairie pour essayer de convaincre l’élu local en vain. Ses collègues enseignants dans ce lycée menacent d’entrer en grève jusqu’à ce que ce document soit signé. Le maire tirant les leçons du passé s’aligne dans la logique de la prudence. Né le 12 avril 1983 à Yaoundé, il obtient son diplômé du Centre national de la jeunesse et des Sports (CENAJES) de Garoua le 29 aout 2011 après un baccalauréat A4 Allemand. Il décède laissant une épouse sortie de la dernière cuvée de l’Enieg et trois enfants mineurs. Sans pansion ni aboutissement de la procédure administrative relative à son dossier, ces derniers sont condamnés à la précarité. La mobilisation de ses collègues enseignants reste forte pour que son cas constitue l’un des succès de l’opération OTS dans le bras de fer engagé avec le gouvernement.