Le Mincommerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a reçu le courrier du Syndebarcam du 11 Mai 2022 l’informant des difficultés commerciales rencontrées par les exploitants des débits de boissons et bars pour lesquels des changements de prix devront suivre. A cet effet une nouvelle grille de prix des boissons est suggérée à la tutelle du commerce. La hausse devrait être comprise entre 100 et 500 FCFA, selon le type de boissons et le lieu de consommation. Ayant pris note de cette situation, la réaction du Mincommerce ne s’est pas faite attendre. « La bière, au même titre que les eaux minérales et les boissons hygiéniques, fait partie, aux termes de l’arrêté N° 0095/Mincommerce du 14 avril 2022, des produits dont les prix et les tarifs sont soumis à la procédure d’homologation préalable et non à celle du dépôt préalable des barèmes. Votre correspondance procède par conséquent, de ce point de vue, à une confusion de procédure. Elle est dès lors irrecevable », a clarifié Luc Magloire Mbarga Atangana en réponse au courrier du président du Syndebarcam.
Les tenanciers des débits de boissons et bars disent vouloir s’appuyer sur les dispositions de la loi régissant l’activité commerciale au Cameroun qui interdit de vendre un bien à un prix inférieur à son prix de revient effectif. Pour justifier la hausse du prix de revient des boissons. Hervé Nana pointe la raréfaction des produits brassicoles qui empêcherait les bars d’atteindre le quart de leurs objectifs journaliers en vente de boisson alors que leurs charges d’exploitations demeurent incompressibles (loyer, salaires, électricité et eau, impôts, taxes, droits d’auteurs…). De son côté, le Mincommerce précise que « seuls les producteurs ou les importateurs ont qualité pour saisir l’administration pour solliciter une homologation des prix ». Les distributeurs des boissons sont pointés du doigt par les tenanciers de bar. « Les distributeurs qui sont nos principaux fournisseurs sont, jusqu’à date, incapables de nous donner une explication sur cet état des faits. Plus grave certains en profitent pour nous vendre quand ils en ont, les produits en majorant le prix du casier pratiquement de 1000 FCFA. Toute chose couplée au coût additionnel de transport des casiers du fait de la décision des distributeurs de ne plus livrer à destination, qui nous oblige pratiquement à vendre à perte », ajoute le président du Syndebarcam. Des faits relevés que le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana dit prendre au sérieux dans sa réponse. L’action va donc se poursuivre auprès des principales cibles pour une amélioration du climat des affaires dans ce secteur d’activité également frappé par le syndrome de la vie chère au Cameroun.
Plaidoyer des producteurs
Des accusations répercutées à l’association des producteurs de boissons alcoolisées (CAPA). « J’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir prendre les mesures nécessaires, dans l’hypothèse où les récriminations du Syndicat national des débits de boissons et bars du Cameroun seraient fondées, pour y remédier sans délai », enjoint Luc Magloire Mbarga Atangana à son président, Andrew Ross, par ailleurs directeur général de Guinness Cameroun.
Aidée par je Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), la CAPA mène un plaidoyer depuis le mois de mars dernier pour une augmentation des prix des boissons. Au cours de la concertation organisée le 18 mars 2022 à Yaoundé, entre le gouvernement, les opérateurs économiques et la société civile, le Gicam a plaidé pour une augmentation de 8% des prix aux consommateurs.
À en croire la principale organisation patronale du Cameroun, cette révision des prix de « 50 FCFA TTC sur un prix public conseillé de 650 FCFA la bouteille de 65 cl » permettra de compenser 28 milliards de FCFA sur des surcoûts d’importation de 35 milliards de FCFA enregistrés entre 2020 et 2022 par les sociétés brassicoles du pays. Ces surcoûts, selon le Gicam, sont consécutifs à l’explosion des prix des matières premières et du fret à l’international, après l’atténuation de la pandémie du Covid-19 et le déclenchement, fin février 2022, du conflit russo-ukrainien.
Concrètement, explique le Gicam, en raison de l’inflation constatée sur le marché mondial, les cours mondiaux des principales matières premières des entreprises brassicoles (malt, sucre, gritz, préforme, monopropylène, capsules vis, etc.) ont cru de 10 à 201%. Dans le même temps, le frêt maritime a explosé de 300% au départ de l’Asie, et de 200% pour les embarquements depuis le continent européen.