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Les moules, ces délices maritimes, pourraient-elles disparaître de nos assiettes d’ici la fin du siècle ? Des chercheurs ont mis en lumière ce scénario alarmant lors du congrès One Ocean Science à Nice. Les résultats de leur étude, qui soulignent les conséquences de l’acidification des océans, posent une menace directe pour la faune marine, notamment les espèces à coquille calcaire. Cette situation critique nous invite à réfléchir sur l’avenir de la biodiversité marine et sur les mesures à prendre pour préserver ces écosystèmes fragiles.
Les dangers de l’acidification des océans
L’océan absorbe actuellement environ 25 % du dioxyde de carbone (CO₂) émis par les activités humaines, ce qui limite en partie le réchauffement climatique. Toutefois, ce processus a un coût : une fois dissous dans l’eau, le CO₂ se transforme en acide carbonique, abaissant le pH de l’eau. Ce phénomène, connu sous le nom d’acidification des océans, menace directement les organismes marins à coquille calcaire comme les moules, huîtres et coquilles Saint-Jacques. La diminution de la disponibilité des ions carbonate nécessaires à la formation des coquilles est préoccupante. L’augmentation de l’acidité de l’océan, qui a déjà progressé de 0,1 unité de pH depuis l’ère préindustrielle, pourrait encore s’accélérer.
La Méditerranée et l’Arctique sont particulièrement vulnérables. En Méditerranée, le réchauffement est le principal facteur de pression, avec des températures enregistrées jusqu’à 32°C dans l’étang de Thau. En revanche, l’Arctique subit déjà les effets de l’acidification, affectant les coquilles des organismes marins. Certaines espèces, plus résilientes, développent des mécanismes de compensation, mais cela se fait au détriment de leur croissance et de leur résistance aux maladies.
Le coût énergétique d’une adaptation
Pour évaluer l’impact de ces changements, Fabrice Pernot et Frédéric Gazeau ont mené une expérience innovante en élevant des moules, huîtres et coccolithophores dans un environnement simulé. Les résultats sont alarmants : les moules ont montré un effondrement de 100 % de la production face à un réchauffement d’un degré Celsius. Cette disparition totale est due à l’incapacité des moules à s’adapter rapidement aux nouvelles conditions environnementales. À l’inverse, les coccolithophores ont montré des signes d’adaptation génétique après 300 générations, bien que cela nécessite un investissement énergétique conséquent.
L’adaptation a un coût : les organismes doivent mobiliser des ressources importantes pour compenser les nouvelles conditions environnementales. Cela se traduit par une diminution de leur croissance et de leur reproduction. Lors des périodes de reproduction, on observe des animaux moins matures et moins féconds, ce qui compromet le renouvellement des populations. Cette pression supplémentaire pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les écosystèmes marins à long terme.
Des solutions locales face à une crise globale
Face à cette crise, les chercheurs préconisent de réduire les émissions de CO₂ pour limiter l’acidification des océans. Cependant, des solutions locales peuvent également être mises en œuvre pour atténuer les effets. Par exemple, l’implantation de végétaux marins comme les laminaires et les herbiers de posidonie peut augmenter localement le pH et l’oxygène, offrant ainsi des refuges aux organismes marins. La Chine a déjà adopté l’algoculture à grande échelle, mais en Europe, cette pratique est encore peu répandue.
Il est crucial de mener des recherches localisées pour comprendre les dynamiques des écosystèmes marins et développer des modèles adaptés. Des expérimentations doivent être conduites avant de déployer ces solutions à grande échelle. Cela nécessite une politique publique ambitieuse en planification spatiale marine. À Brest, un dispositif expérimental est déjà en place pour étudier les huîtres et d’autres espèces, ouvrant la voie à des solutions innovantes.
Vers un avenir incertain pour la biodiversité marine
Les résultats de cette étude soulignent la vulnérabilité des écosystèmes marins face à l’acidification des océans et au réchauffement climatique. Les moules, essentielles à la chaîne alimentaire, pourraient disparaître si aucune action n’est entreprise. Les solutions locales, bien qu’encourageantes, nécessitent un engagement global pour réduire les émissions de CO₂ et protéger la biodiversité marine. Devons-nous repenser nos méthodes de consommation et de production pour préserver les ressources marines ?
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C’est vraiment alarmant 😱 ! Que va-t-on manger à la place des moules ?
Je ne savais pas que l’acidification des océans avait un impact si direct sur les moules. Merci pour cet article informatif.
Est-ce qu’il y a des efforts globaux pour réduire le CO₂ ou chaque pays agit séparément ?
Les solutions locales suffiront-elles à sauver les moules ? J’ai des doutes 🤔
Merci pour cet article, ça fait réfléchir sur notre impact environnemental.
On dirait que tout est de notre faute… Vraiment déprimant.
Les moules ne sont pas les seules à être menacées, qu’en est-il des huîtres et autres coquillages ?
Je me demande si les moules d’élevage sont moins affectées ?
Le réchauffement de 1 degré Celsius, ça fait vraiment autant de dégâts ?!
Un avenir sans moules ? Mon plat préféré va disparaître 😢