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Le label Marine Stewardship Council (MSC) est omniprésent dans les rayons de nos supermarchés, estampillant une variété de produits de la mer. Cependant, derrière son logo bleu et blanc se cache une réalité plus complexe. Bien que le label soit synonyme de pêche durable pour de nombreux consommateurs, il est loin de faire l’unanimité. L’objectif de cette analyse est de comprendre les tenants et aboutissants de ce label, ses avantages, ses limites, ainsi que les alternatives possibles pour une consommation plus responsable.
L’ascension du label MSC
Depuis sa création en 1997 par l’ONG WWF et le groupe Unilever, le label MSC s’est imposé comme le leader mondial en matière de certification de pêche durable. Avec plus de 2 300 références en France, il promet une gestion efficace des pêcheries et un impact environnemental minimisé. Cette promesse repose sur des critères scientifiques rigoureux, notamment l’obligation pour les pêcheries de ne pas cibler des espèces non désirées comme les oiseaux ou les mammifères marins. Cependant, malgré ces engagements, le MSC fait face à une vague de critiques. Selon l’ONG Bloom, 83 % des volumes certifiés par le MSC proviendraient de pêcheries destructrices. Ce constat soulève des questions sur la véritable portée de ce label, et sur sa capacité à répondre aux enjeux environnementaux actuels.
Critiques et controverses
Le label MSC est régulièrement accusé de laxisme. Parmi les pratiques controversées certifiées, on trouve le chalutage en eau profonde, le dragage hydraulique et l’utilisation de dispositifs de concentration de poissons (DCP). Ces méthodes sont souvent pointées du doigt pour leur impact négatif sur les écosystèmes marins. Frédéric Le Manach de l’ONG Bloom décrit le label comme une initiative de l’industrie pour masquer les effets réels de la pêche intensive. Amélie Navarre, directrice du programme MSC France, défend le label en citant le code de conduite de la FAO, qui stipule qu’un programme de certification ne doit pas être discriminatoire envers les méthodes de pêche. Cette défense soulève néanmoins des doutes sur la capacité du MSC à promouvoir une véritable pêche durable, sans compromis.
Le défi des petites pêcheries
Si le label MSC offre certaines garanties, notamment en s’alignant sur les réglementations européennes, il présente également des limitations. Didier Gascuel, professeur en écologie marine, souligne que l’accès au label est souvent prohibitif pour les petites pêcheries, qui sont pourtant parmi les plus durables. Le coût élevé des audits indépendants nécessaires pour obtenir la certification complique l’accès à ce label pour les petites structures. Cela crée une situation paradoxale où un produit non labellisé peut être plus durable qu’un produit certifié. Cette réalité met en lumière la nécessité d’un système plus inclusif, capable de valoriser les pratiques vertueuses des petites pêcheries.
Alternatives et perspectives d’avenir
Face aux limites du label MSC, d’autres labels émergent sur le marché. Parmi eux, l’écolabel pêche durable de FranceAgriMer, qui repose sur des critères écologiques, sociaux et de qualité, bien que son volume de produits labellisés reste faible. Les labels géographiques, comme le « Bar de ligne de la Pointe de Bretagne », offrent une alternative crédible en se concentrant sur des critères spécifiques et vérifiables. Pour un avenir plus durable, Didier Gascuel préconise l’adoption de processus alternatifs, tels qu’un étiquetage environnemental des produits de la pêche. En parallèle, des recommandations scientifiques, comme celles publiées dans la revue Nature, suggèrent de limiter la taille des bateaux et d’interdire l’accès aux zones vulnérables, pour assurer la pérennité des ressources halieutiques.
En conclusion, le label MSC, bien qu’important, n’est pas sans défauts. Il est crucial pour les consommateurs de s’informer et de considérer des alternatives pour une pêche véritablement durable. La question reste : comment pouvons-nous, en tant que consommateurs, encourager des pratiques de pêche qui respectent l’équilibre fragile de nos écosystèmes marins ?
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Je suis surpris par cette information sur le MSC, je pensais que c’était un label fiable ! 🤔
Comment les petites pêcheries peuvent-elles surmonter le coût élevé de la certification ?
Merci pour cet article éclairant ! Je vais certainement revoir mes habitudes d’achat. 😊
Le MSC est-il vraiment si mauvais pour l’environnement, ou est-ce exagéré ?
Je suis déçu d’apprendre que le MSC autorise des pratiques comme le chalutage profond. 😟