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La découverte récente de nouveaux virus dans les populations de chauves-souris du sud-ouest de la Chine a suscité une inquiétude croissante parmi la communauté scientifique. Ces recherches mettent en lumière des agents pathogènes jusque-là inconnus, dont certains présentent des similitudes troublantes avec des virus particulièrement dangereux pour l’humain. Cette situation soulève des questions sur le potentiel de transmission de ces virus des animaux à l’homme, rappelant les défis posés par les zoonoses. Ces nouvelles découvertes sont cruciales pour notre compréhension des menaces sanitaires potentielles et soulignent l’importance d’une surveillance continue.
Des réservoirs viraux à haut risque
Les chauves-souris sont depuis longtemps connues pour être des hôtes naturels de nombreux virus dangereux. Récemment, des études ont montré la présence de coronavirus chez certaines espèces, qui, après quelques mutations, pourraient potentiellement infecter l’humain. Une équipe de chercheurs a mené un travail de terrain entre 2017 et 2021 dans la province du Yunnan, analysant des prélèvements de tissus rénaux sur 142 chauves-souris de dix espèces différentes. Leur objectif était d’explorer une partie encore mal connue du microbiome des chauves-souris, notamment les microbes présents dans leurs reins.
Les résultats, publiés dans la revue PLOS Pathogens, ont révélé l’identification de 22 virus, dont 20 sont totalement nouveaux. Deux de ces virus appartiennent au genre Henipavirus, connu pour inclure des virus hautement pathogènes comme Nipah et Hendra. Cette découverte illustre le rôle crucial que les chauves-souris peuvent jouer comme réservoirs viraux et souligne la nécessité de recherches approfondies pour comprendre leur impact potentiel sur la santé humaine.
Des similitudes inquiétantes avec des virus mortels
Le genre Henipavirus, qui inclut les virus Nipah et Hendra, est responsable de maladies graves chez l’humain. Le taux de mortalité du virus Nipah est estimé entre 40 et 70 %, tandis que les infections par le virus Hendra présentent un taux de létalité supérieur à 50 %. Selon le Dr Vinod Balasubramaniam, les nouveaux virus découverts montrent entre 52 et 75 % de similarité génétique avec ces agents pathogènes connus.
C’est une première, car aucun génome complet de hénipavirus n’avait été identifié chez les chauves-souris chinoises auparavant. Cette découverte met en lumière le rôle possible de la région du Yunnan dans l’émergence de futures zoonoses. En raison de ses caractéristiques écologiques, cette région pourrait devenir un point chaud pour l’émergence de nouvelles maladies, à l’instar de la Malaisie, autrefois touchée par des flambées de Nipah.
Un environnement propice à la transmission
Les chauves-souris étudiées vivaient dans des zones proches des habitations humaines, augmentant ainsi le risque de transmission des virus. Certains hénipavirus peuvent être transmis par l’urine des chauves-souris, ce qui soulève des inquiétudes quant à la contamination des fruits ou à la transmission via un hôte intermédiaire, comme le bétail. Par exemple, le virus Hendra a déjà été transmis à l’humain par le biais de chevaux infectés.
Malgré ces risques, les scientifiques appellent à la prudence. Le fait qu’un virus soit apparenté à un agent pathogène connu ne signifie pas nécessairement qu’il présente un danger immédiat pour l’humain. La vétérinaire Dr Alison Peel souligne que certains virus similaires n’ont jamais été transmissibles à l’humain. Des recherches en laboratoire sont essentielles pour comprendre le comportement de ces nouveaux virus et leur potentiel zoonotique.
L’importance de la surveillance et de la recherche
L’étude révèle d’importantes lacunes dans notre compréhension des microbes présents chez les chauves-souris. La découverte de la bactérie Flavobacterium yunnanensis et du parasite protozoaire Klossiella yunnanensis montre qu’il reste beaucoup à apprendre sur ces animaux et leur impact potentiel sur la santé humaine. Les auteurs insistent sur la nécessité d’étendre la surveillance microbienne à d’autres organes que le système digestif. Ces travaux fournissent des informations précieuses sur les agents infectieux présents dans les reins des chauves-souris, soulignant l’importance d’une surveillance renforcée.
Alors que les chercheurs continuent de découvrir de nouveaux virus et de mieux comprendre leur potentiel de transmission, une question demeure : sommes-nous prêts à faire face aux défis posés par ces nouveaux agents pathogènes et à prévenir efficacement leur transmission à l’homme ?
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Wow, encore des virus chez les chauves-souris ? On se croirait dans un film d’horreur ! 🦇
Merci pour l’article, mais ça donne pas envie de visiter le Yunnan de sitôt. 😅
Pourquoi les chauves-souris sont-elles toujours impliquées dans ces histoires ?
Ils ont découvert ces virus entre 2017 et 2021, pourquoi ça sort seulement maintenant ? 🤔
J’espère qu’ils trouvent vite un moyen de contenir ces virus !
Est-ce qu’il y a des vaccins en développement contre ces nouveaux virus ?