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Face à une sécheresse persistante et un stress hydrique croissant, le recours à l’eau dessalée s’impose comme une solution incontournable pour l’agriculture dans le sud du Maroc. Bien que cette technologie suscite des débats en raison de son coût élevé et de son impact environnemental, elle est devenue essentielle pour la survie de nombreuses exploitations agricoles. La région de Chtouka, à proximité d’Agadir, illustre parfaitement comment l’eau dessalée alimente les cultures maraîchères, préservant ainsi des milliers d’emplois et contribuant de manière significative à l’économie locale. Mais à quel prix et avec quelles conséquences cette solution est-elle viable à long terme ?
La station de dessalement : pilier de l’agriculture locale
La station de dessalement de Chtouka est un maillon essentiel pour l’agriculture du sud du Maroc. Depuis 2022, elle fournit quotidiennement 125 000 m3 d’eau pour l’irrigation de 12 000 hectares de terres agricoles, tout en assurant l’accès à l’eau potable pour 1,6 million d’habitants. Cette infrastructure est cruciale pour compenser les effets dévastateurs de la sécheresse prolongée que subit le pays depuis plus de six ans. D’ici 2026, la capacité de la station devrait atteindre 400 000 m3 par jour, dont la moitié sera destinée à l’irrigation. Cette augmentation de capacité est capitale pour soutenir une agriculture qui représente environ 12% du PIB marocain. Les cultures maraîchères, en particulier, sont largement dépendantes de cette ressource vitale. Cependant, malgré son importance, cette solution n’est pas sans controverses, tant sur le plan économique qu’écologique.
Le coût de l’eau dessalée : un obstacle pour les agriculteurs
Bien que l’eau dessalée soit essentielle pour de nombreuses exploitations, son coût reste un obstacle majeur. Vendue à 0,48 euro le m3, soit cinq fois plus cher que les eaux conventionnelles, elle n’est accessible qu’aux agriculteurs cultivant des produits à haute valeur ajoutée. Ce prix élevé limite l’utilisation de cette ressource aux cultures comme les tomates cerises, qui justifient un tel investissement. Pour les petits agriculteurs, comme Hassan, qui se contente de l’eau de puits pour ses cultures de courgettes et poivrons, l’eau dessalée est tout simplement inabordable. Les contributions publiques couvrent 40% du coût, mais cela reste insuffisant pour les rendre compétitives face aux alternatives traditionnelles. Cette situation met en lumière une profonde inégalité d’accès à une ressource cruciale, menaçant la diversité des cultures agricoles dans la région.
Les impacts environnementaux du dessalement
Outre le coût financier, le dessalement de l’eau pose des défis environnementaux significatifs. Le processus de dessalement est énergivore, et les rejets de saumure peuvent altérer les écosystèmes marins. Bien que des mesures soient prises pour minimiser ces impacts, comme l’utilisation de diffuseurs pour diluer la saumure, les effets à long terme sur l’environnement restent incertains. Ali Hatimy, agronome, souligne que la production d’eau dessalée nécessite une quantité considérable d’électricité, ce qui accroît l’empreinte carbone de cette technologie. Malgré cela, les autorités locales affirment qu’aucun impact notable n’a été observé à proximité de la ville côtière d’Agadir. Ces propos rassurants n’empêchent pas les préoccupations de persister, invitant à une réflexion plus profonde sur l’équilibre entre nécessité et durabilité.
L’avenir de l’agriculture dans le sud du Maroc
Avec 85% des exportations marocaines de produits maraîchers provenant de la région du Souss-Massa, les enjeux économiques sont colossaux. La station de dessalement a permis d’éviter une perte de plus de 860 millions d’euros en valeur ajoutée, tout en préservant plus d’un million d’emplois par an. Les agriculteurs, tels que Mohamed Boumarg, ont pu étendre leurs exploitations grâce à cette ressource précieuse, passant de cinq hectares à une vingtaine. Toutefois, cette dépendance à l’eau dessalée soulève des questions quant à la résilience de l’agriculture face aux aléas climatiques. Les solutions doivent être diversifiées pour garantir une agriculture durable et équitable. Les investissements dans les énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité des systèmes d’irrigation pourraient offrir des alternatives viables à long terme.
Au regard des défis actuels, l’eau dessalée s’affirme comme une solution indispensable pour l’agriculture dans le sud du Maroc. Cependant, son coût et ses impacts environnementaux soulèvent des questions cruciales pour l’avenir. Comment le pays parviendra-t-il à concilier développement économique, équité sociale et préservation environnementale ?
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Bravo pour cet article ! J’espère que d’autres solutions seront explorées pour réduire les coûts du dessalement. 🌊
Est-ce que le gouvernement prévoit d’aider les petits agriculteurs à accéder à l’eau dessalée ? 🤔
Le coût de l’eau dessalée est un véritable problème, surtout pour les petites exploitations… 😟
Je suis impressionné par les chiffres, mais qu’en est-il des impacts environnementaux à long terme ?
Merci pour cet article, il met en lumière un enjeu crucial pour l’avenir !