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L’Indonésie, soucieuse de répondre à une demande énergétique croissante, se tourne désormais vers le nucléaire. Cette ambition s’inscrit dans un contexte où le pays doit réduire sa dépendance au charbon, une source d’énergie abondante mais polluante. Toutefois, l’adoption du nucléaire n’est pas sans défis, notamment en raison des coûts élevés et des difficultés historiques de l’archipel à mener à bien de grands projets d’infrastructure. Le président Prabowo Subianto a exprimé des objectifs ambitieux, promettant une transition énergétique rapide avec une réduction significative des émissions de carbone. Mais cette vision est-elle réalisable dans les délais impartis ?
L’héritage de Sukarno et les premiers pas vers le nucléaire
Le chemin de l’Indonésie vers le nucléaire n’est pas nouveau. En 1965, le président Sukarno, figure emblématique de l’indépendance du pays, inaugurait le premier réacteur nucléaire expérimental. Malgré cette avancée précoce, l’Indonésie n’a pas réussi à développer de centrales nucléaires pour la production d’électricité à grande échelle. Aujourd’hui, le pays possède trois réacteurs de recherche, mais aucun ne contribue à la production électrique nationale.
Le charbon, bien que polluant, a jusqu’à présent permis à l’Indonésie de répondre à ses besoins énergétiques. Cependant, pour contenir l’augmentation de la demande et réduire les émissions, le passage au nucléaire est désormais considéré comme essentiel. Le chercheur Philip Andrews‑Speed souligne que le nucléaire sera nécessaire pour répondre aux ambitions énergétiques du pays. L’histoire de Sukarno et les premiers efforts du pays montrent que l’Indonésie a toujours eu un intérêt pour cette technologie, mais la question demeure sur sa capacité à concrétiser ces plans ambitieux.
Les ambitions nucléaires et le calendrier ambitieux
Le président indonésien Prabowo Subianto a annoncé des objectifs ambitieux pour assurer la sécurité énergétique du pays. Il vise à éliminer l’électricité issue du charbon dans les 15 prochaines années, un calendrier que beaucoup jugent trop optimiste. En parallèle, l’Indonésie s’engage à atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050. Pour y parvenir, le pays envisage de construire son premier site nucléaire sur l’île de Bornéo, opérationnel entre 2030 et 2032.
Ce site sera équipé d’un Small Modular Reactor (SMR), une technologie innovante et plus compacte que les réacteurs traditionnels. Avec une capacité de 250 à 500 mégawatts, ces réacteurs sont conçus pour être plus flexibles et moins coûteux, une solution avantageuse pour un pays aux ressources limitées comme l’Indonésie. Le ministre de l’Énergie, Bahlil Lahadalia, a également évoqué la nécessité d’accélérer la construction de centrales nucléaires pour atteindre un mix énergétique de 80 % d’énergie renouvelable d’ici 2060.
Les défis géographiques et les préoccupations de sécurité
Un des principaux défis pour l’Indonésie réside dans sa géographie. Le pays est situé dans une région sismique, ce qui pose des risques significatifs pour l’implantation de centrales nucléaires. La catastrophe de Fukushima a sensibilisé le monde entier aux dangers potentiels du nucléaire dans des zones sismiques. Cependant, les autorités indonésiennes assurent que certaines régions, comme le nord de Java et l’est de Sumatra, présentent un faible risque sismique.
Malgré ces assurances, la population reste inquiète face aux menaces potentielles. Andang Widi Harto, chercheur en ingénierie nucléaire, affirme que les régions ciblées pour les futures centrales sont considérées à faible risque. Cela n’a pas empêché certains experts et ONG de rester sceptiques quant à la capacité du pays à gérer ces installations en toute sécurité. Les préoccupations de sécurité doivent impérativement être adressées pour rassurer la population et garantir le succès du programme nucléaire.
Les partenariats internationaux et les obstacles financiers
Pour réaliser ses ambitions nucléaires, l’Indonésie se tourne vers des partenariats internationaux. Des entreprises comme Rosatom, CNNC, et Candu Canada ont déjà manifesté leur intérêt pour participer au développement du programme nucléaire indonésien. De même, la société américaine ThorCon propose une centrale flottante utilisant du thorium, une alternative à l’uranium.
Cependant, des obstacles financiers demeurent importants. Le coût élevé des infrastructures nucléaires et le manque de financement dans le budget de l’État soulèvent des doutes. La corruption et l’ingérence politique sont également des défis majeurs qui pourraient entraver la réussite du projet. Malgré cela, l’Indonésie discute activement avec plusieurs investisseurs potentiels, notamment de Russie, des États-Unis, du Danemark, de la Corée du Sud et de la Chine. Le choix de SMR plutôt que de réacteurs conventionnels permettrait de réduire le défi financier, mais l’incertitude persiste quant à la réalisation à grande échelle de ces ambitions.
L’Indonésie se trouve à un carrefour énergétique crucial. Tandis que le pays cherche à évoluer vers des sources d’énergie plus propres et à réduire sa dépendance au charbon, le nucléaire apparaît comme une solution potentielle mais complexe. Les défis géographiques, financiers et politiques sont nombreux, et la réussite de cette transition dépendra de la capacité du pays à surmonter ces obstacles. La question qui se pose désormais est de savoir si l’Indonésie peut concrétiser ses ambitions nucléaires tout en assurant la sécurité et la viabilité économique de ses projets. Comment le pays parviendra-t-il à naviguer dans ces eaux tumultueuses pour atteindre ses objectifs énergétiques ambitieux ?
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Wow, l’Indonésie se lance dans le nucléaire ! Ça va être un vrai changement d’énergie ! 🔋
Je suis sceptique… Avec tous les tremblements de terre, est-ce vraiment une bonne idée ? 😬
Bravo à l’Indonésie pour cette initiative ! Il est temps de réduire la dépendance au charbon. 😊
Les Small Modular Reactors, c’est comme des mini-centrales ? Intéressant !
J’espère qu’ils ne feront pas comme le Japon avec Fukushima… 😟
Pourquoi pas investir plus dans les énergies renouvelables plutôt que le nucléaire ? 🌞
Des partenariats avec Rosatom… Est-ce vraiment une bonne idée de s’associer avec eux ?