EN BREF |
|
La récente adoption par le Congrès américain du projet de loi budgétaire du président Donald Trump marque un tournant significatif dans la politique énergétique et environnementale des États-Unis. En revenant sur plusieurs mesures de lutte contre le réchauffement climatique mises en place par Joe Biden, cette législation pourrait avoir des répercussions considérables sur l’avenir énergétique du pays. Ce texte, qualifié de « grande et belle loi » par Trump, soulève de nombreuses questions quant à son impact sur les énergies renouvelables, les véhicules électriques, ainsi que sur les industries du charbon et du méthane.
Impact sur les énergies renouvelables
En 2022, l’Inflation Reduction Act (IRA) avait marqué un engagement fort des États-Unis envers la transition énergétique. Ce plan, initié sous la présidence de Joe Biden, prévoyait des investissements inédits d’environ 370 milliards de dollars dédiés aux énergies renouvelables. Cependant, la nouvelle loi budgétaire de Donald Trump supprime une grande partie de ces financements, ne laissant que les projets d’énergie renouvelable mis en service avant 2027 ou ceux dont la construction débute dans l’année suivant la promulgation du texte. La suppression des crédits d’impôt pourrait faire échouer de nombreux projets d’énergie renouvelable, à un moment où la demande d’électricité est en forte hausse, en partie à cause des besoins croissants de l’intelligence artificielle.
Les incitations aux travaux de rénovation énergétique sont également réduites, tandis que les crédits pour les technologies nucléaires et géothermiques demeurent. Jean Su, de l’ONG Center for Biological Diversity, souligne que supprimer les incitations fiscales pour l’énergie propre risque d’augmenter les émissions polluantes. Cette orientation représente un net recul pour les énergies éolienne et solaire, qui devaient jouer un rôle clé dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Évolution des incitations pour les voitures électriques
Les véhicules électriques, autre pilier de la transition énergétique, sont également affectés par la nouvelle législation. Les incitations financières à l’achat de véhicules électriques ou à hydrogène disparaîtront d’ici 2025. De même, les aides pour l’installation de stations de charge s’arrêteront en juin 2026. Albert Gore, de la Zero Emission Transportation Association, craint que ces mesures n’entravent la compétitivité des États-Unis sur le marché mondial des véhicules du futur, face à des pays comme la Chine.
En outre, le texte prévoit de réduire à zéro les amendes pour les constructeurs automobiles qui ne respectent pas les normes de consommation de carburant. Dan Becker, du Center for Biological Diversity, critique vivement cette décision, la comparant à un examen où l’absence de sanction pour tricherie incite à ne pas respecter les règles. Ces modifications pourraient ralentir considérablement le développement des technologies de transport propre, cruciales pour réduire l’empreinte carbone du pays.
Conséquences pour l’industrie du charbon et du méthane
Dans le cadre de cette législation, certaines dispositions de l’IRA, favorables aux énergies fossiles, sont maintenues. Cela inclut des milliards de subventions et des autorisations de forage pour le secteur des hydrocarbures. La loi introduit également un dispositif fiscal avantageux pour le charbon utilisé dans la production d’acier, tout en mettant fin à un programme visant à réduire les émissions polluantes de méthane.
La possibilité d’exploiter les forêts et les ressources minières sur les terres publiques, y compris dans des zones préservées de l’Alaska, suscite de vives inquiétudes parmi les défenseurs de l’environnement. Ces mesures pourraient avoir des conséquences écologiques dévastatrices, menaçant la biodiversité et exacerbant les effets du changement climatique.
Vers une dépendance accrue aux combustibles fossiles
La stratégie de Donald Trump, largement soutenue par l’industrie des hydrocarbures, semble orientée vers une exploitation intensive des ressources fossiles. En promettant de « forer à tout-va », le président s’engage à renforcer la production nationale de pétrole et de gaz, au détriment des énergies renouvelables. Cette politique pourrait entraîner une augmentation significative des émissions de gaz à effet de serre, accentuant les défis climatiques auxquels le monde est confronté.
Bien que certaines propositions initiales, comme une nouvelle taxe sur les énergies renouvelables, aient été retirées, la tendance générale reste préoccupante. L’accent mis sur les combustibles fossiles pourrait freiner les progrès réalisés dans la lutte contre le réchauffement climatique, compromettant les efforts internationaux pour limiter l’augmentation des températures mondiales.
Alors que cette loi budgétaire redéfinit radicalement la politique énergétique des États-Unis, elle soulève des questions cruciales sur l’avenir de la transition écologique. Les choix faits aujourd’hui auront des répercussions durables sur l’environnement et l’économie mondiale. Quel sera l’impact de ces décisions sur les engagements climatiques des États-Unis et leur rôle dans la lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale ?
Ça vous a plu ? 4.4/5 (27)